La première attaque à laquelle les troupes belges ont participé en Corée s'est produite à IMJIN le 22 avril 1951, il y a maintenant 70 ans. Seuls quelques anciens combattants peuvent encore témoigner de cette « guerre oubliée ».
Le 18 septembre 1951, un corps de volontaires est formé à la demande de l'ONU qui lance un appel à l'aide pour un monde libre. 3 171 Belges et 78 Luxembourgeois partent pour la Corée, certains à plusieurs reprises. Trois batailles majeures méritent notre attention : la première sur la rivière IMJIN, puis quelques mois plus tard du 10 au 13 octobre 1951 à HAKTANG-Ni, et enfin en mars-avril 1953 à CHATKOL. 106 volontaires perdent la vie en Corée, et 478 militaires sont blessés.
Les morts n'ont pas été enterrés dans un cimetière militaire comme les soldats des guerres mondiales, mais ont trouvé un repos éternel « sous le clocher de l'église ». Ils n'ont donc pas eu droit aux mêmes honneurs que d’autres victimes militaires qui se sont battues pour la patrie ; ils semblent parfois oubliés, tout comme la guerre qu'ils ont menée.
La Guerre de Corée
En 1945, L’Union soviétique et les États-Unis divisent la Corée, une ancienne colonie japonaise, en deux sphères d’influence de part et d’autre du 38e parallèle. Chaque puissance y installe son propre régime. En juin 1950, l’armée nord-coréenne envahit la Corée du Sud. Les Nations-Unies réagissent et une force militaire internationale sous l’égide des États-Unis vole au secours de la Corée du Sud. Après de longues hésitations, la Belgique finit par envoyer un bataillon de volontaires en Corée. Sous commandement britannique et américain, les Belges combattent les Volontaires du Peuple chinois qui sont venus soutenir la Corée du Nord. Après la fin des hostilités, en 1953, les Belges reviennent au pays. L’opinion publique les qualifie de mercenaires et ce n’est qu’en 1996 qu’ils obtiennent une reconnaissance nationale.
D’une Guerre froide…
La Seconde Guerre mondiale prend fin en 1945. Toutefois, les alliés d’antan ne partagent plus la même vision du monde. Un nouveau conflit éclate, sans pour autant faire l’objet d’une déclaration de guerre ou d’une confrontation directe entre les deux puissances mondiales (les États-Unis et l’Union soviétique) et leurs alliés : la Guerre froide.
… à une guerre chaude !
Le Japon est vaincu en 1945, et les États-Unis et l’Union soviétique divisent l’ancienne colonie japonaise de Corée en deux sphères d’influence de part et d’autre du 38e parallèle. Les deux puissances organisent des élections de chaque côté de la ligne de démarcation. Un régime communiste autoritaire vient au pouvoir dans la partie nord. Les idéologies opposées n’empêchent pas un rêve commun aux deux régimes : une réunification de la Corée sous leur propre régime. La Corée du Nord prend l’initiative et lance une attaque totalement inattendue le 25 juin 1950.
Une contribution belge
Le Conseil de Sécurité de l’ONU réagit immédiatement et condamne l’invasion nord-coréenne. Sous l’égide des États-Unis, l’ONU vole au secours de la Corée du Sud. De nombreux pays-membres envoient des troupes en Corée pour soutenir le pays dans son combat contre le communisme. Le ministre des Affaires étrangères Paul Van Zeeland met immédiatement des avions transporteurs de troupes à disposition. Fin juillet, vu l’insistance des États-Unis, la Belgique se dit prête à envoyer des avions, de l’aide médicale et des munitions. La Belgique retrouve le calme politique après l’annonce de l’abdication de Léopold III et l’installation d’un nouveau gouvernement mi-août 1950. Sous pression américaine, le nouveau gouvernement crée un bataillon de volontaires : le Corps des Volontaires de Corée.
Au front
En Corée, les Belges (et un peloton luxembourgeois) se retrouvent d’abord sous commandement britannique, puis sous commandement américain. En avril 1951, ils combattent l’armée de masse des Volontaires du Peuple chinois aux côtés d’unités britanniques le long de l’Imjin. En octobre 1951, les volontaires belges, qui se sont solidement retranchés près de Haktang-Ni, doivent faire face à des nouveaux assauts chinois. Au printemps de 1953, le bataillon belge est encore durement éprouvé. Pendant 55 nuits interminables, les Belges subissent l’artillerie chinoise près de Chatkol. L’armistice est signé à Panmunjom le 27 juillet 1953 et tient jusqu’à ce jour.
Un retour au pays difficile
Le bataillon belge reste en Corée jusqu’en juin 1955. 101 des 3.178 volontaires (et deux Luxembourgeois) ont perdu la vie. Trois Belges sont portés disparus. Le retour au pays s’avère difficile. Les soldats du bataillon traînent leur passé « coréen ». Une partie de l’opinion publique les qualifie de mercenaires. Au fil des années, les vétérans de Corée arrivent à bénéficier de certains avantages liés au statut de vétéran et ce n’est qu’en 1996 qu’ils obtiennent une reconnaissance nationale de la part du ministre de la Défense. L’intérêt pour cette guerre reste limité : il s’agit d’un conflit en Extrême-Orient, calé entre la Seconde Guerre mondiale et la guerre du Vietnam.
Source : WHI
Photos de la collection de padre Vander Goten