RTBF : Trump censuré, comme au "bon vieux temps" de l’URSS

Avec raison, des dizaines de milliers de téléspectateurs belges francophones se sont scandalisés de la censure imposée par la RTBF lors du discours d'intronisation du président Trump. En effet, il était tout à fait anormal d’envisager de «caviarder» une allocution officielle du président du principal État du monde.

Toutefois, si l'on peut reprocher un zèle pour le moins intempestif à la RTBF (bien en ligne avec son orientation générale), celle-ci n'a pourtant fait qu'appliquer la loi ! Légalement, il n’y a rien à lui reprocher. En effet, depuis 2018, la Communauté française de Belgique a voté (à la quasi-unanimité) un décret qui crée un «cordon sanitaire médiatique». On appréciera l’«élégance» des mots : ceux qui ne «pensent pas bien» ou contestent la vérité officielle, sont des pestiférés qu’il faut écarter de la société qu’ils sont susceptibles d’infecter.

Les électeurs ? Des crétins qu’il faut protéger contre les «mal pensants»

Plus grave encore : cela implique que les députés francophones considèrent leurs électeurs comme des crétins incapables de se faire une opinion par eux-mêmes.

Autrement dit, la censure est non seulement légale mais obligatoire dans la partie francophone de la Belgique. Du côté flamand, un tel décret serait tout simplement impensable. Officiellement, cette législation a été votée, pour empêcher la diffusion d'informations ou de discours racistes, homophobes (1), anti-démocratiques, etc. En réalité, il s'agit ni plus ni moins que de censurer ceux qui ne «pensent pas bien» et seraient susceptibles de mettre la vérité officielle en doute. On a vu jusqu’à quels extrêmes cela a conduit lors de la crise du Covid.

On observera qu’en ce qui concerne la RTBF, la défense de la démocratie est à sens unique. Si ce décret de la Communauté française de Belgique est strictement appliqué à l’égard d’éventuelles formations de droite, de scientifiques jugés climato-sceptiques où d’adversaire de la théorie du genre, il n'en est pas du tout de même en ce qui concerne l'extrême gauche. On peut le constater quand on voit combien la télévision publique donne largement la parole aux dirigeants du PTB. Pourtant, s'il est bien un parti anti-démocratique, c'est ce dernier. Ses références anciennes sont Staline, Mao et Castro et actuelles Maduro et Ortega (2). Tous de grands démocrates et humanistes ! L'extrémisme du PTB a encore pu être constaté la semaine dernière au Parlement européen quand son député, Marc Botenga, a été un des très rares élus à voter contre le texte qui demandait la libération de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, embastillé en Algérie, uniquement parce que ces écrits ne plaisent pas à la sanguinaire et corrompue dictature locale.

Quand des journalistes vantent la censure

On aurait pu raisonnablement espérer que les représentants de la presse s'élèvent contre le décret de la Communauté française qui est évidemment liberticide et cache très mal une censure de fait. Que nenni ! L’Association des Journalistes Professionnels (francophone bien sûr), l’approuve et s’en vante. Dans un numéro de la revue «Journalistes» de l'été dernier, elle se réjouissait de l’existence de ce «mécanisme unique en Europe» et le considérait comme remarquable. Ce qui n'a rien d'étonnant de la part d'une publication qui n'hésite pas à utiliser l'incompréhensible écriture inclusive et qui est devenue la voix du wokisme le plus échevelé. Des journalistes qui applaudissent la censure, c’est du jamais vu dans un pays prétendument  démocratique. On se croirait revenu au «bon vieux temps» de l’URSS où l’association des journalistes russes dépendait directement du Parti communiste où elle prenait ses ordres.

Ridicule et déliquescence de la démocratie

Dans l’affaire de censure de Trump, si ce dernier avait tenu des propos considérés comme répréhensibles par les censeurs de la RTBF, cette dernière les auraient-elle carrément coupés (et donc tronqué le discours) ou passé de la musique ... ? C’eut été non seulement digne d’une dictature, complètement ridicule mais surtout contre-productif. Car via les réseaux sociaux, les phrases censurées auraient immédiatement connu une audience inespérée. En clair, par son zèle stalinien, la RTBF a perdu le peu de crédibilité qu’elle pouvait encore avoir mais a le grand mérite d’avoir mis en exergue l’état de déliquescence de la démocratie dans la partie francophone de la Belgique.

Ce qui n’a d’ailleurs pas échappé à nombre d’observateurs étrangers. Qui s’inquiètent à bon droit de la disparition de la démocratie dans la région où siègent l’UE et l’OTAN. La chose é été largement débattue sur la BBC, CNews et LCI où même des journalistes de gauche ont dénoncé l’acte de censure de la RTBF. Ce fut le notamment le cas de Ruth Elkrieff et Jean Quatremer, journaliste à Libération et électeur revendiqué de François Hollande (3), qui a clairement affirmé que la RTBF est sous la tutelle du PS.

Apparemment, la Communauté française de Belgique ignore qu'il existe d'autres médias que ceux qu'elle censure. On n'est pas (encore ?)  en Corée du Nord... (Photo : Pixabay)

Quoi qu'il en soit ce qui s'est passé à la RTBF montre à quel point le wokisme et l’absence de liberté d’expression dominent dans la partie francophone de la Belgique. En effet, le décret d’instauration de censure n’est pas applicable à la seule RTBF mais à l’ensemble du paysage audiovisuel régional. Si, après cela, les bien pensants s'étonnent encore qu'on ne les écoute plus et ne les regarde plus et que nombre de gens préfèrent les réseaux sociaux, ils ne devront s'en prendre qu'à eux-mêmes. Ils devraient savoir que la crédibilité est incompatible avec la censure.
Quant à M. Bouchez qui s'est scandalisé à bon droit contre cette décision de la RTBF, il ferait bien de demander l'abrogation de ce décret dont il semble oublier qu'il a été voté également par les élus de son parti.

Et, en ce qui concerne l’auteur de ces lignes, il vient pour la première fois de sa vie, de s’inscrire sur X (ex Twitter). Ne serait-ce que pour un peu se désintoxiquer du wokisme ambiant. Citons à ce propos le directeur de publication du Figaro Magazine Guillaume Roquette sur LCI : « Bien sûr que X c’est la jungle. Mais je préfère une jungle où tout le monde peut s’exprimer que le régime de la RTBF. »

Jacques Offergeld

  1. On notera que l’homophobie du Coran ne semble pas concernée par ce décret.
  2. Respectivement dictateurs marxistes du Venezuela et du Nicaragua.
  3. Durant un débat sur LCI