Coronavirus et dépendances sanitaire et technologique

Face à la crise du coronavirus, les autorités chinoises ont été obligées de fermer des dizaines de milliers d’entreprises. Rien que de très logique pour tenter d’enrayer le fléau. Dans un premier temps, elles avaient certes essayé de minimiser (si pas cacher) la pandémie, avant d’y faire face avec une certaine efficacité et d’énormes moyens. 

Évidemment, la fermeture de dizaine de milliers d’usines a entraîné une réduction des productions globales.

Ce qui a permis de mettre en lumière les dangers des délocalisations d’entreprises stratégiques. Aujourd’hui, la Chine et l’Inde produisent elles seules 65% des bases de médicaments du monde entier ! Et très logiquement, en cas de crise, ces pays privilégieront la fourniture à leurs nationaux plutôt qu’à des tiers. Au risque de créer de graves pénuries dans les autres pays du monde. Cela génère donc non seulement une dépendance sanitaire (le plus grave) mais aussi des dépendances économiques et politiques. A l’instar de l’Allemagne qui, du fait de l’abandon du nucléaire, s’est mise en situation de dépendance à l’égard de la Russie en matière  de gaz, les industries pharmaceutiques du monde entier dépendent très largement de la production des deux puissances asiatiques.

Si la dépendance en matière de médicaments est évidemment gravissime au niveau technologique, il en existe d’autres. Actuellement, l’Europe produit sur son territoire moins de 10% des microprocesseurs qu’elle utilise. Là encore, elle dépend à 90% de l’Asie.

Dans ce contexte, la volonté de Donald Trump de rapatrier un certain nombre d’entreprises sur le territoire américain ne semble pas aussi ridicule que d’aucuns veulent le dire. Même si ses motivations sont différentes.

Quant à l’Europe, elle ferait bien d’imposer des quotas de fabrication locale minimaux à l’industrie pharmaceutique.

Ce n’est rien d’autre qu’une question de vie ou de mort.

J.O.