Une nouvelle falsification du diamant est disponible dans les « boutiques » autour de la gare centrale d’Anvers, vendue comme Moissanite enduite. A des fins d’expertises, j’ai acheté une pierre.
La pierre 0,958 Ct donne 2,419 sur le refractomètre électronique de Présidium, ce qui est l’indice du diamant. Sur le Gem Tester de Présidium, il donne : diamant. Ce qui pourrait induire en erreur le bijoutier et/ou le consommateur et même l’expert non averti.
Lorsque l’on place la pierre dans le spectrophotomètre UV-VIS (spectre ultra-violet à visible), nous recevons Moissanite.
Le résultat en FTIR (spectroscopie en infra-rouge) confirme Moissanite. Mais, lorsque l’on agrandit 1500 X, on peut voir une couche, similaire à une perle de culture bon marché qui perd sa couche de nacre.
Pourtant, du côté des diamants synthétiques, les prix sont en chute libre. Sur internet, on offre des diamants « lab grown » ou « man made », donc du synthétique, à 97,50% en dessous du prix des diamants naturels.
Plus spectaculaire encore a été la vente, lors du salon de bijouterie de JCK à Las Vegas, où un fabricant a offert des bijoux avec des diamants synthétiques à 100% en dessous du cours, soit gratuits.
C’était, pour lui, une manière de faire la promotion de ses bijoux.
Le prix des synthétiques est réduit au prix de l’électricité utilisée pour la fabrication, soit dans des fours à micro-ondes (CVD, chemical vapor deposition), soit dans des machines à pressions (HPHT, haute pression et haute température). Bien que des fabricants utilisent de plus en plus de panneaux solaires pour réduire les couts d’électricité. La matière première, le carbone, n’a de toute façon aucune valeur (il y en même trop).
Il reste le problème de la taille, une main d’œuvre indispensable qui, malgré la taille dans les pays à bas salaires a un coût.... pour le moment. Car le centre d’étude du fabricant-diamantaire HB (ancien WTOCD) a sorti une machine de taille complètement automatique.
Ce qui permet de tailler du diamant avec des personnes n’ayant reçu aucune formation. Une révolution dans le secteur du diamant.
La vente des moissanites va être la première victime de cette chute de prix du diamant. Le CZ (oxyde de zirconium synthétique) résistera mieux car les prix sont déjà très bas.
En résumé, le diamant synthétique est devenu un produit pour la bijouterie fantaisie.
Le problème le plus grave est que distinguer les naturels des synthétiques est très difficile, même pour un professionnel qui doit utiliser des appareils scientifiques pour les découvrir. Car, à la loupe et même sous le microscope, il n’y a pas moyen de les distinguer.
La porte est ainsi ouverte à l’escroquerie; déjà plusieurs négociants ont été pris «la main dans le sac». Certains mélangent dans des lots, des diamants naturels et synthétiques
Il est important pour le consommateur, lors d’un achat d’un bijou avec des diamants, de l’acheter à une source fiable, une bijouterie réputée, membre d’une association de bijoutiers. Et de demander un rapport ou certificat d’un laboratoire connu (GIA, HRD, IGI, SSEF, LFG (France),...).
L’achat dans des boutiques où l’on vise le produit bon marché est risqué et l’achat lors de voyages exotiques plus que jamais à déconseiller.
Eddy Vleeschdrager