La Chine est l’une des plus anciennes civilisations au monde et est souvent citée comme la plus ancienne civilisation continue. Civilisation signifie non seulement une organisation de la société, mais aussi une source d’innovation, de créativité, d’art et de bijouterie où les pierres précieuses ont une place de choix. Si la Chine a toujours fortement apprécié le jade au cours des millénaires, le diamant a aussi pu séduire le cœur des Chinoises et des Chinois.
Et si Anvers est devenue le centre mondial du diamant depuis plus de cinq siècles, c’est grâce à la fameuse « route de la soie ». Effectivement, les soieries, les épices de Chine et les pierres précieuses (avec entre autres le diamant) étaient acheminées depuis l’Inde, première et unique source du diamant, par le Cap de Bonne Espérance, vers Bruges. C’est Jean Baptiste Tavernier, négociant en pierres précieuses d’origine anversoise, qui a décrit et ramené des pierres exceptionnelles d’Extrême-Orient.
Anvers a toujours entretenu non seulement des relations commerciales mais surtout cette amitié respectueuse qui s’est manifestée ouvertement lors du fabuleux cortège des bijoux de 1923.
Tout le secteur diamantaire anversois, du simple tailleur et sa famille aux plus grands diamantaires, ont travaillé jour et nuit à cette manifestation internationale avec un but précis : faire « un cadeau princier à la ville d’Anvers et à ses partenaires ». La Chine fut représentée par un char d’apparat représentant la vente des pierres précieuses au palais (voir la maquette en aquarelle).
Si la Chine est aussi un pays producteur de diamants, bien que modeste comparé à l’Afrique ou au Canada, elle a tout de même une production depuis plusieurs siècles.
Une manière particulière de recueillir des diamants
Les premières découvertes de diamants en Chine remontent à des millénaires. On raconte qu'autrefois, les «mineurs» devaient parcourir de long en large l'étendue des gisements, les pieds chaussés d'espadrilles dont la semelle très épaisse était faite de paille. Les diamants s'y incrustaient et il suffisait de brûler les semelles pour récolter ensuite les pierres dans la cendre.
Les cristaux de diamant étaient trouvés à des endroits très disparates, la plupart du temps dans le lit des rivières ou dans les roches sédimentaires. Ils étaient petits, brunâtres et n'avaient pas une grande valeur. Ils furent surtout employés pour couper le verre.
Actuellement, la Chine utilise des méthodes modernes de prospection et d'exploitation et il est fort probable que certaines régions sont explorées plus intensément.
Les principaux gîtes sont situés dans le sud de la région de Shandong entre les rivières Iho et Suho, à Tsing-sja-Pu, Tsanghu et dans les environs de Mongiin, au nord de la ville I-Tsjou. Principales mines : Hunan, I-Tsjou, Liaoning, Shandong, Tsing-sja-Pu, Tsjang-Lu, Tantsjonghsien. Dans la province de Shandong, l’exploration est faite par Petro China.
Une prospection croissante
Depuis les années 1960, la prospection du diamant se fait de façon plus intensive, probablement à cause de l'augmentation de la demande de l'industrie pour le forage, le sciage et le polissage des matériaux durs. La mine de Wafangdian produisait 54% de la production globale du pays. Il s'agissait de pierres de très bonne qualité. En 1991, la production s'élevait à 113.000 carats, dont 84.900 carats ont été vendus à la Thaïlande, à Singapour et à Anvers. Mais la mine est actuellement fermée. Il reste encore des mines artisanales dans la province de Hunan.
Deux centres de taille, situés à Shanghai et à Pékin, taillent les diamants provenant de leur propre production (+/- 20%).
En 1977, le plus grand diamant brut est découvert : le 'Changlin'. Il a un poids de 158,79 carats et est de qualité brune. Des diamants de très haute qualité ont été découverts ces dernières années à 'Fu Country', dans la province de Liaoning, au nord-est de la Chine. Certaines pierres pèsent plus de 40 carats.
Dans le secteur du diamant synthétique la Chine à été avec ASEA, GE, De Beers et la Russie parmi les premiers producteurs de poudres synthétiques depuis les années 50-60 du siècle passé.
En même temps, se sont développées de nouvelles méthodes de production de diamants synthétiques. Aujourd’hui, la Chine peut non seulement répondre à ses propres besoins, mais parvient également à en exporter.
Depuis quelques décennies, la Chine s’est taillé une place importante dans le secteur diamantaire. Le salon d’Hong Kong est devenu le plus important des salons de la joaillerie dépassant de loin Bâle et Las Vegas. La Chine compte déjà trois bourses diamantaires, à Hong Kong, Shanghai et Macao. Ce qui la place parmi les plus grands centres de négoce du diamant.
Si l’Amérique est encore (pour le moment) le plus grand marché pour la bijouterie et les diamants, la Chine s’est placée en 2e position dépassant le Japon, la Corée et d’autres pays d’Europe. Vu l’essor économique du pays, il faudra s’attendre que la Chine dépasse les Etats-Unis dans un avenir proche.
Le pays s’est aussi lancé dans la taille du diamant, pas la production de masse comme l’Inde, mais une fabrication recherchant la perfection avec environ 50.000 tailleurs. Dans cette optique, Anvers et la Chine sont très proches.
Eddy Vleeschdrager