On savait le président français arrogant, prétentieux et méprisant à l'égard des humbles, mais on ne le savait pas irresponsable.
En faisant une déclaration dans laquelle il n'excluait pas d'envoyer des troupes au sol en Ukraine, il a non seulement fait une erreur de calcul des rapports de force mais surtout mis en exergue le manque de cohésion de l'Union européenne.
En effet, dans les heures qui ont suivi cette fanfaronnade, tous les pays de l'Union européenne et de l'OTAN (à l’exception de la Suède), se sont désolidarisés des propos du président français. Ainsi cette déclaration du chancelier allemand, Olaf Scholz : «Il n'y aura aucune troupe au sol, aucun soldat engagé, ni par les états européens, ni par les pays de l'OTAN, sur le sol ukrainien». Du côté du président Biden, la réaction n'a pas été plus enthousiaste : «Les États-Unis n'enverront pas de soldats combattre en Ukraine». En résumé, un désaveu général des propos incendiaires du locataire de l’Elysée. Personne ne veut d’une troisième Guerre mondiale. De Godefroid de Bouillon menant la Croisade, le voilà réduit à Calimero : «C’est vraiment trop injuste»...
Cette division des alliés n'a évidemment pas échappé aux Russes. Qui l’ont soulignée avec une ironie un peu méprisante. Ainsi ce propos de Dmitry Peskov, porte-parole du Kremlin : «Nous avons ainsi pu voir le riche éventail des opinions sur le sujet».
Mais le pire dans la déclaration matamoresque du président Macron est son refus de regarder les réalités en face. Avec quels moyens pourrait-on affronter la Russie ? Car envoyer des troupes au sol en Ukraine entraînerait de facto une situation de cobelligérance. Ce que tout le monde s’est soigneusement et intelligemment empressé d’éviter. A l’inverse, la proposition d’Emmanuel Macron entraînerait un très gros risque d'affrontement direct avec l'armée russe. Et donc de conflagration généralisée.
Des arsenaux vides
Le président français semble oublier que les arsenaux de la plupart des pays de l'OTAN (dont le sien...) sont quasiment vides, dans la mesure où l'on a envoyé le gros des réserves en Ukraine. Nous immisçant ainsi dans dans un conflit qui ne nous concernait pourtant en rien. Rappelons-le.
La meilleure preuve de la faiblesse des Occidentaux est visible par tous : ils n'ont fourni à ce jour qu’environ 33 % du matériel militaire qu'ils ont un peu rapidement promis aux Ukrainiens. Ce qui explique les aigreurs (partiellement justifiées) de Volodymir Zelensky. Quant au réarmement de l’Europe dont se gargarise M. Macron, il est loin d’être une réalité. Ses propres usines manquent de poudre pour produire des obus, tandis que les dirigeants des usines d’armement soulignent que les bons de commande tardent à arriver ! Comme chantait Brel : «Faut pas jouer les riches quand on n’a pas le sou».
En résumé, la diatribe du président français n'aura servi qu’à montrer les divisions de l'Occident, à se faire ridiculiser par les Russes et, à titre personnel, d’un peu plus isoler M. Macron de ses partenaires. Quoi qu’il en soit, une chose est certaine : il est irresponsable d’ainsi jouer avec le feu.
J. Offergeld