Il est parfois des informations majeures qui, volontairement ou non, sont mises sous le boisseau. Ou évoquées en quelques lignes ou mots.
C'est notamment le cas d’une récente déclaration de Mme Mao Ning(1), porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Lors d'une conférence de presse tenue le 30 janvier dernier, elle a accusé les États-Unis “d'avoir déclenché la crise en Ukraine” et d'être “le premier facteur qui l’alimente en fournissant des armes lourdes à l’Ukraine”. Il s'agit là d'un revirement majeur de la politique étrangère chinoise. Car personne ne peut imaginer un seul instant que la porte-parole du ministère des Affaires étrangères de l’Empire du Milieu ait osé tenir des propos aussi lourds de sens, qui marquent un virage important dans l’attitude de Pékin, sans l’aval de Xi Jinping.
Un revirement majeur
En effet, s'il n'est un secret pour personne que Pékin soutenait en sous-main Moscou, officiellement la Chine a toujours conservé une certaine neutralité. Au moins de façade. Notamment lors des votes aux Nations Unies. Au plan matériel, selon l'agence d'informations économiques américaine Bloomberg (réputée pour son sérieux), jusqu'à présent, la Chine n'avait fourni qu'une aide économique extrêmement importante (mais en essayant de ne pas trop le montrer) mais son assistance militaire s’était limitée à du matériel non létal. Dans ce contexte, la déclaration de Mao Ning ne peut être considérée que comme un revirement important de la position chinoise. Cette évolution est évidemment à rapprocher des prises de position de plus en plus dures de Washington à l'égard de la Chine. Et aussi du mécontentement causé notamment par la visite à Taïwan de l'ancienne speaker de la Chambre américaine, Nancy Pelosi. Qui avait été considérée comme une grave provocation par Pékin. Nullement oubliée et encore moins pardonnée.
L’affaire du survol des Etats-Unis et du Canada par un ballon chinois doit-elle être considérée comme une première manière de montrer aux Américains le revirement de Pékin ? Il est encore trop tôt pour se prononcer. Mais la destruction de cet aéronef par la chasse américaine peut laisser penser que c’est ainsi que la Maison blanche l’a interprété.
Vers une aggravation de l’isolement occidental ?
Cette prise de position chinoise devrait encore aggraver l’isolement des Occidentaux dans le conflit russo-ukrainien. Actuellement, hors les pays de l'OTAN, la Suède, la Finlande, la Suisse, le Liechtenstein, Saint Marin, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, Singapour, Taïwan, la Corée du Sud et le Japon (ces deux derniers étant totalement dépendants des Etats-Unis pour leur défense), personne ne respecte les sanctions imposées à la Russie. Les autres nations d'Asie, l’ensemble des pays africains et du continent latino- américain continuant à entretenir des relations économiques tout à fait normales avec cette dernière. Sans oublier ceux qui s’enrichissent grâce aux sanctions occidentales, à l'instar de l'Inde qui est occupée à construire d'énormes fortunes en achetant du pétrole russe à bas prix et en le revendant avec des marges bénéficiaires considérables. Il sera aussi intéressant d’observer l'évolution des politiques extérieures africaines, dans la mesure où le poids chinois sur leur continent est en croissance exponentielle.
A ce qui précède, il faut ajouter la récente percée des Russes en Afrique saharienne où ils ont profité de l’erreur d’Emmanuel Macron qui leur a laissé la place, rompant ainsi avec la prudente politique de François Hollande qui, lui, avait vu les dangers dans cette région avant tout le monde.
Une “guerre de Blancs” qui n’intéresse qu’eux
Comme nous l'avons déjà écrit, il se confirme que, pour les pays du reste du monde, la guerre russo-ukrainienne est une guerre de Blancs qui ne les concerne en rien. Et dont ils n'ont rien à faire. Sauf bien sûr quand les matières premières nutritives étaient en cause. Domaine où, il faut reconnaître, le président turc Recep Erdogan a marqué des points considérables en permettant le déblocage de la situation en matière de transfert et de transport de produits nutritionnels de première nécessité.
L’acteur Omar Sy a bien souligné ce ressenti du reste du monde, en affirmant que l’importance apportée à la guerre russo-ukrainienne par les Occidentaux “veut dire que, quand c’est en Afrique, vous êtes moins atteints”. Propos unanimement approuvé par toute la presse africaine de quelque tendance qu’elle fût. Et qui rejoint notre analyse : “Un Cypriote vaut-il moins qu’un Ukrainien ?”
En attendant, les dirigeants européens, en se mêlant d’un conflit qui ne les concernait pas, ni ne les menaçait, sont occupés à définitivement ruiner notre continent, comme si leur gestion innommable de la crise du Covid n’avait pas suffi. Et, pendant ce temps, le reste du monde continue à progresser. Tranquillement !
Dans le contexte international instable actuel, la nouvelle prise de position de la Chine évoqué par Mme Mao Ning est un élément tout à fait majeur qui, à moyen terme, pourrait avoir des conséquences actuellement encore incalculables.
J. Offergeld
(1) Mme Mao Ming n’est pas une simple fonctionnaire. Elle a déjà occupé des fonctions politiques importantes. Et surtout, selon le Livre de la Généalogie chinois, elle fait partie du clan Mao Tse Toung. Ce qui implique que c’est un pur produit du sérail du PCC, qu’elle en connaît tous les rouages et arcanes et…les dangers de tout propos intempestif.