Le marché du diamant synthétique devient important, surtout aux États Unis. En Europe et en Extrême Orient, le consommateur n’a jamais été attiré par des imitations ou des pierres précieuses synthétiques. Pour cette raison, la principale préoccupation de l'industrie du diamant aujourd'hui est la détection de diamants synthétiques qui pourrait être écoulés comme du diamant naturel. C’est une question importante qui doit être abordée, afin de ne pas compromettre la confiance des consommateurs dans l'origine de leur achat. Actuellement, les laboratoires et les experts maitrisent la situation sans problèmes majeurs.
D ‘autre part les fabricants et les détaillants des synthèses, pour convaincre le consommateur que leur produit offre une meilleure alternative aux diamants naturels, proposent trois arguments de commercialisation pour vendre du synthétique au lieu du naturel :
- Ils ne viennent pas de régions pouvant être soupçonnées de conflits (les fameux diamants du sang) et socialement responsables (pas de mineurs travaillant dans des conditions pénibles).
- Ils ne sont pas destructeurs de l'environnement (exploitation minière).
- Ils coûtent moins cher et les prix seront de plus en plus compétitifs.
L'argument selon lequel les diamants synthétiques proviennent de sources sans conflit est plus historique qu’actuel ; c’est un problème qui a été largement éradiqué du monde.
C’était un pourcentage minime du marché des diamants bruts qui a financé partiellement quelques guerres civiles (Angola et Sierra Léone principalement). Cependant, il faut ajouter que n'importe quelle marchandise qui tombe entre les mains de rebelles ou d’extrémistes pourra être utilisée pour financer leurs actions.
Les fameux «diamants de conflit», outrageusement montrés du doigt par les médias du monde entier, sont connus des consommateurs. Pourtant, l’on ne parle que rarement d'autres produits tels que le coltan (utilisé pour fabriquer du tantale, indispensable dans nos GSM et nos ordinateurs), le pétrole (indispensable à notre civilisation), la cassitérite (utilisé pour fabriquer de l'étain), la wolframite (utilisée pour fabriquer du tungstène) et le minerai d'or qui, tous, sont bien plus largement utilisés pour financer des achats d’armes.
10 millions d’emplois
D’autre part, l'industrie et l’exploitation du diamant emploient environ 10 millions de personnes dans le monde, directement et indirectement. La disparition de l’industrie du diamant serait donc une catastrophe économique et sociale pour des millions de personnes qui seraient ainsi jetées dans la pauvreté et la famine.
Les mines de diamants sont devenues, pour certains pays, leur source principale de revenus et leur économie entière en dépend. Le Botswana en est un exemple spectaculaire. D’un des pays les plus pauvres de la planète il s’est hissé, en quelques décennies à la première place des pays les plus développés d’Afrique et ce grâce au diamant. Même la De Beers a déménagé son siège de Londres à Gaborone. On peut en dire autant pour les communautés autochtones du nord du Canada, qui sont passées, grâce aux mines de diamant, d'une situation isolée et appauvrie vers une vie jouissant des conforts modernes (santé, éducation, etc.). Il en est de même pour la Namibie.
Ajoutons que l'exploitation minière du diamant n’utilise pas de produits chimiques et ne laisse qu’une empreinte momentanée (la nature y reprend rapidement ses droits) par rapport à d'autres formes d'exploitation minière.
Dans certains pays, comme par exemple le Canada, les producteurs doivent prévoir des fonds de contingence pendant la durée de vie de la mine, afin qu'ils puissent restaurer l'emplacement dans son état d'origine (faune et flore) après l'arrêt de l'exploitation minière.
Le synthétique moins écologique
Par contre, la fabrication de diamants synthétiques est un procédé qui demande de fortes pressions et des hautes températures, qui exigent des combustibles fossiles. Ainsi l'industrie du diamant créé en laboratoire ne peut pas prétendre avoir aucun impact sur l'environnement.
Une étude de 2011, publiée par Ehudlaniado, a tenté de quantifier et de comparer l'utilisation de l'énergie dans la fabrication de synthèse et l'extraction de diamants naturels. Il a été révélé que la production d'un diamant de grandeur et de qualité moyenne utilisant une déposition de vapeur chimique (CVD) a duré quatre semaines et a utilisée 28 kilowatts/heure d'énergie par carat. En comparaison, la mine Argyle en Australie utilise seulement 7,5 kilowatt/heure d'énergie par carat… L'exploitation minière dans d'autres endroits, comme l'exploitation minière sous-marine en Namibie ou l'exploitation minière dans le nord du Canada où l'accès aux réseaux électriques régionaux est impossible et nécessite l'utilisation de générateur diesel, demandent en effet une plus grande consommation d'énergie. Mais elle reste très inférieure a celle consommée par la fabrication du synthétique.
Les fabricants de diamants synthétiques insistent sur les vertus de leur produit supposé «propre». Il est un fait qu’ils sont moins chers que l'alternative naturelle. Ils peuvent être achetés entre 20 à 40 % de moins. Vu la production en augmentation régulière, sortant de dizaine d’usines en compétition (américaines, russes, chinoises, japonaises et même suisses), il faut s’attendre à une baisse constante.
Une copie reste une copie
La réalité est que les diamants qui sont fabriqués en laboratoire, n'ont pas de valeur d'investissement intrinsèque. Cela restera toujours une copie fabriquée par l’homme ; incomparable avec un produit naturel. Tout comme un tableau de maître peut avoir une valeur de plusieurs millions d’euros et sera une valeur refuge. Une copie de ce même tableau, même si elle est difficilement décelable par un expert, restera une copie sans valeur réelle.
Les diamants naturels restent à long terme un placement parmi d’autres. Les diamants synthétiques par contre perdent presque toute leur valeur immédiatement après l'achat.
Idem pour les autres pierres précieuses
Il en est de même pour les rubis, saphirs et émeraudes sortant des laboratoires de Knischka, Ramaura, Kashan, Douros, Lechleitner, Chatam, Linde, Kyocera et Inamori, qui ont créé une panique dans le courant des années 1970 à 1980. Des synthèses difficilement détectables mais principalement utilisées pour l’étude des pierres précieuses dans les écoles de gemmologie.
Depuis plusieurs décennies, ils ont presque tous disparu du marché. Pourtant des pierres de de 2 à 3 carats «synthétiques» étaient vendues, malgré tout, à des prix de quelques centaines de dollars par carat ; parfois plus. Seuls les Verneuils et les Strass ou simplement du verre coloré sont encore utilisés dans la bijouterie fantaisie.
Nous pouvons conclure que l’achat d’un diamant ne comporte aucun risque, le bijoutier est et reste responsable envers le consommateur. Par contre, pour celui qui achète lors d’un voyage exotique, le risque est réel.
Eddy Vleeschdrager