Cinq ans déjà que les caricaturistes et certains des employés et gardiens de Charlie Hebdo étaient assassinés dans les conditions abominables que l’on sait. On aurait pu espérer, surtout après l’énorme manifestation connue à Paris, que le monde politique comprendrait où sont les vraies priorités. Plutôt que d’écouter béatement les slogans ineptes débités par une pauvre gamine handicapée, exploitée par des parents indignes.
Malheureusement, il n’en a rien été.
Même les 138 morts du Bataclan n’ont pu raviver la flamme
Au contraire, on constate depuis lors que l’autocensure des directions de rédactions, des journalistes et des caricaturistes s’est généralisée. Ainsi, de grands journaux américains ont carrément supprimé les caricatures traditionnelles de leur « une ». Par crainte d’être taxé d’« islamophobie ». Tout ce qui touche à l’Islam et à l’islamisme est traité avec circonspection. On peut caricaturer des prêtres, des rabbins, des popes, des moines bouddhistes, des francs-maçons sans état d’âme. En revanche, qui oserait encore en faire autant d’un imam ?
« On a l'impression que le dessin est de moins en moins toléré, que c'est une forme d'expression qui même au sein des médias est encombrante », explique Riss, le directeur de rédaction de Charlie Hebdo dans une interview. Et de conclure : « Même dans les grands journaux, les dessins deviennent extrêmement consensuels, il n'y a pas beaucoup de prise de risque éditoriale, les dessins deviennent un peu insipides ».
Oui, et c’est horrible à écrire, les assassins ont gagné le 7 janvier 2015. Et ce ne sont pas larmes de crocodile qui seront versées à l’occasion de la commémoration aujourd’hui qui y changeront quoi que ce soit.