Ce livre est d’un intérêt capital pour tous les tintinophiles et tous ceux qui s’intéressent à la Seconde Guerre mondiale. Il est consacré à l’abbé Wallez, défini comme «l’éminence noire de Degrelle et Hergé». Les trois grands biographes d’Hergé, Philippe Goddin, Benoit Peeters et Pierre Assouline, n’ont pas approfondi le lien qui unissait Wallez, le mentor, à Degrelle et Hergé.
Norbert Wallez naît le 29 octobre 1882 à Hacquegnies dans la province du Hainaut entre Ath et Tournai. Après des études chez les Jésuites à Tournai, il intègre le séminaire d’Estinnes, près de Binche et,en 1906, est consacré prêtre, puis devient professeur de grec, de latin et d’histoire de la culture classique. Il se révélera enthousiaste. En 1912, il fonde la revue « Nova et Vetera» qui se consacre à la réforme de l’enseignement catholique. Dès 1911, il écrit pour la «La Métropole» divers articles historiques. Il subit l’influence de Charles Maurras et devient un ultra-nationaliste. Il écrira également diverses chroniques pour «La Revue Catholique». En 1924, le cardinal Mercier nomme Wallez directeur du «XXe Siècle», journal ultra catholique, anticommuniste, antisocialiste, antilibéral et admirateur de Mussolini…
De 1927 à 1929, l’abbé dirige seul le journal. C’est en 1927 aussi que Georges Remi, Hergé, est engagé pour s’occuper du «Petit Vingtième», supplément pour les jeunes du «XXe Siècle». Le 10 janvier 1929 débute “Tintin au pays des Soviets”. Hergé fait également la connaissance de Germaine Kieckens, secrétaire de l’abbé, qui deviendra son épouse. Wallez fut aussi à l’origine des albums de Tintin.
Soutien à Degrelle
Le temps passant d’autres figures font leur apparition à la rédaction du journal. Parmi celles-ci, Léon Degrelle lequel fut reçu à bras ouverts. Celui-ci fera divers reportages dont ceux sur les taudis et celui du Mexique où sévissait une dictature anticléricale. Deux autres dessinateurs connus fréquenteront aussi le journal : Jan Vermeire «Jiv» et Jamin «Alidor». Degrelle fonde son parti, Rex, qui aura toute la sympathie et le soutien de l’abbé Wallez qui commet alors l’erreur de s’attaquer au Parti catholique et à des personnalités en vue. En 1933, il subit une agression dans son propre bureau. Suite à ce scandale, il est déplacé et devient abbé à Aulne. Hergé et Germaine continueront à le fréquenter.
Pendant la guerre, Wallez est germanophile (par anti-communisme) et donne des conférences sur le thème : “Les Wallons sont des Germains” ! Il sera évidemment poursuivit à la Libération et passera quelques années en prison. Il ne perd cependant pas le contact avec Hergé et Germaine. Il meurt en 1952 à la maison de repos de Beau-Vallon près de Namur.
De nombreuses autres anecdotes sont rapportées dans ce livre de qualité. L’auteur est un spécialiste de Tintin. Il a travaillé aux Studios Hergé et au Musée Hergé. Il est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages tintinophiles. (Edité à compte d’auteur : info@art9experts.com)
Serge Algoet